Résumé

Les questions que soulèvent les rapports entre les hommes et le milieu dans le temps et dans l’espace peuvent être explorées par différentes approches, archéologiques, ethnographiques ou environnementales. Dans les sites archéologiques, les charbons de bois constituent d’excellents marqueurs des milieux parcourus par l’homme et des formations végétales qui s’y développent. Résidus émanant du bois de feu sélectionné et transporté par l’homme, ils sont aussi le reflet des usages, des techniques et des modes de gestion de l’espace forestier.
L’anthraco-analyse reste néanmoins le plus souvent réduite à l’identification d’une liste d’essences et de leurs proportions sans que le potentiel d’information contenue dans les cernes du bois ne soit exploité. Ainsi, la reconstitution ne serait-ce que des caractéristiques morphologiques du bois exploité (taille, âge, forme) à partir des charbons de bois archéologiques posent encore aujourd’hui des problèmes méthodologiques alors qu’il s’agit d’un élément fondamental pour la restitution des modes de sélection du bois, celle des paramètres environnementaux, populationnels ou encore pour évaluer l’impact des exploitations sur le milieu forestier.

Le principal objectif du projet est de remonter aux caractéristiques dendrométriques de l’arbre et/ou des peuplements exploités à partir de l’étude d’assemblages anthracologiques. Pour cela, nous mettons en place dans un premier temps des protocoles d’analyse des surfaces qui combinent les outils de l’anatomie quantitative, de la morphométrie géométrique, de la dendroécologie et de l’isotopie pour identifier l’organe de l’arbre, son âge et sa physionomie. Ces protocoles, adaptés aux charbons de bois archéologiques dont la taille ne permet pas d’utiliser les méthodes classiques de la dendrochronologie, sont compatibles avec une utilisation en routine. Construits à partir de peuplements forestiers actuels, il s’agit dans un second temps, d’appliquer ces protocoles sur des assemblages anthracologiques reproduits expérimentalement à partir de ces mêmes peuplements. Parce que notre ambition est d’appréhender la quantification des données sur des paramètres simples tels que les diamètres et les largeurs de cernes, les essais sont réalisés dans des conditions atmosphériques rigoureusement reproductibles.

Le développement de cette approche pionnière a pour ambition d’accroître les potentialités informatives de la discipline tant du point de vue de la restitution des modalités de gestion de l’espace forestier que de l’impact des activités humaines et des variations du climat sur le milieu. La création de tels référentiels constitue une avancée méthodologique déterminante pour la discipline ; ils auront vocation à être diffusés et complétés (centralisation, stockage, pérennité et accessibilité des protocoles et des données).

En fin de programme, 5 modules (cf. Les tâches du programme) plus spécifiques seront développés sur la base des acquis méthodologiques. Ils auront pour objectifs de perfectionner les outils en fonction des problématiques développées, puis de les tester, de les adapter et de les valider en contexte archéologique.

Abstract